Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’eust parlé si franchement, je ne serois pas en las confusion où je me trouve. – Ma sœur, respondit Diane, voicy un tesmoignage de nostre amitiée et de vostre bouté. Vous m’obligez infiniment de me dire, non seulement ceste fois, mais tousjours, ce qui vous semblera de mes actions, et mesme en particulier, comme nous sommes à ceste heure, que tout dort autour de nous.

Encores que ces deux sages bergeres eussent opinion de n’estre point ouyes, si estoient-elles bien fort deceuses, car Lanice qui estoit de la compagnie, encore qu’elle feignit de dormir, oyant que ces bergeres discouroient entre elles, leur tendoit l’oreille le plus attentivement qu’il luy-estoit possible, desireuse outre mesure d’apprendre de leurs nouvelles, afin de leur rapporter du desplaisir, suivant le dessein qu’elle en avoit fait. D’autre costé, Silvandre voyant tous ses compagnons endormis, et oyant parler ces bergeres, recognut, ce luy sembla, la voix de Diane, et desireux d’entendre leur discours, se desroba le plus doucement qu’il luy fut possible d’entre ces bergeres ; ce qu’il fit aysément, parce qu’ils estoient sur leur premier sommeil, et se trainant peu à peu sur les mains et sur les genoux vers le lieu où estoient les bergeres, fit de sorte qu’elles ne l’ouyrent point approcher.

Et parce que leur murmure l’alloit guidant, il ne s’arresta qu’il ne peust bien discerner