Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/497

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la voix de chacune, et de fortune il y arriva au memse temps qu’Astrée reprenoit la parole de ceste sorte : Vous ressouvenez-vous de propos que je vous ay dits aujourd’huy à l’oreille quand Silvandre disputoit avec Phillis ? – N’est-ce pas, dit Diane, de l’amitié ce berger envers moy ? – De cela mesme, respondit Astrée. – Or, continua-t’elle, il faut que vous sçachiez que depuis, je l’ay bien mieux recognue par les discours qu’il m’a tenus ; de sorte que vous devez attendre pour chose tres-certaine une extreme affection de luy. Que si elle vous est desagreable, il faut que de bonne heure vous l’esloigniez de vous et encor ne sçay-je si cela y profitera beaucoup, puis que ces humeurs particulieres, comme est celle de ce berger, ne se surmontent pas aysément, estant de telle nature qu’elles s’efforcent plus opiniastrement contre ce qui les contarie. Que si elle vous plait, il faut y user d’une tresgrande discretion, afin qu’elle ne soit recognue d’autre que de vous. – Ma sœur, respondit Diane, apres avoir quelque temps pensé à ce qu’elle luy disoit, vous me faites trop paroistre d’amitié pour vous tenir quelque chose cachée. Je vous veux donc parler à cœur ouvert, mais avec supplication que ce que je vous diray, ne soit jamais redit ailleurs, non pas mesme à Phillis, si cela n’offence point l’amitié qui est entre vous. – Je croirois, respondit Astrée, unser d’une