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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/498

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grande trahison, et estre indigne d’estre aimée de vous, si je faisois part à quelqu’un d’un secret que vous m’auriez fié. Et quant à ce qui concerne Phillis, soyez seure, ma sœur, que tout ainsi que je ne feray jamais chose qui puisse blesser l’amitié que je luy porte, de mesme ne me fera t’elle jamais offencer celle que je vous ay jurée. – Ce n’est pas dit, Diane, que je sois en doute de la discretion de Phillis, mais c’est que, si je pouvois, je me cacherois à moy-mesme.

Et à ce mot, s’estant teue pour quelque temps, elle recommença ainsi : Lors, ma sœur, que je perdis Filandre, comme je vous ay raconté, le desplaisir m’en fut si sensible, qu’apres l’avoir plaint fort long temps, je fis resolution de n’aymer jamais rien, et de passer de ceste sorte le reste de ma vie en un eternel veufvage. Car encor que Filandre ne fust pas mon mary, si crois-je que sans doute il l’eust esté eust survescu Filidas. En ceste resolution je vous puis jurer avec verité que j’ay vescu jusques icy autant insensible à l’amour, que si je n’eusse point eu d’yeux ny d’oreilles, pour voir ny ouyr ceux qui se sont presentez. Amidor, cousin de Filidas, en peut rendre qui, encor que d’une humeur volage, ne laissoit d’avoir des parties assez recommandables pour se faire aimer, et qui avant qu’espuser Alfarante, m’a plusieurs fois resprensté la volonté de son oncle, voire celle de Filidas, et