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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/503

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Mais, dit Diane, ce qui plait n’est pas tousjours ny honorable ny raisonnable, et cela n’estant pas la vertu nous ordonne de nous de deporter et quant à moy, j’ayermois mieux le mirt que der faire autrement. – Je ne doute point de ce que vous dites, respondit Astrée, estant de la vertut de Diane ; mais voyons donc si cette action est contraire à la raison ou à l’honneur. Est-ce contre la raison d’aimer un gentil berger sage, duscret, et qui a tant esté favorisé de la nature ? Quant à moy, je juge que non, tant s’en faut, il me semble raisonnable. Or rien de raisonnable ne peut estre honteux, et ne l’estant point, je ne vois pas qu’il y ait apparence de douter de ce que vous disiez. – Il est aysé, adjouta Diane, de conclurre icy à advantage de ce berger, n’y ayant personne qui y contredise, mais si quelqu’un vous proposoit : Est-il raisonnable que Diane qui a tousjours esté en consideration parma les bergers de cette contrée, espouse un berger inconnu, et qui n’a rien que son corps, et ce que sa conduitte luy peut acquerir ? Je ne croy pas que vous prissiez la premiere opinion. Et cette consideration est cause que je suis entierement resolue de souffrir sa recherche et son affection, tant que je pourray feindre de ne la croire. Mais s’il me reduit à tel poinct que je ne puisse plus me couvrir de ceste ruze, des l’heure