Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/51

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bouche mesme leur dispute, qui selon mon jugement n’est pas petite. La bergere s’appelle Celidée, et ce berger qui est plus grand et que vous voyez à main droitte, se nomme Thamire, et l’autre Calidon.

A peine Lycidas avoit finy ces paroles que ces estrangers furent si proches, que chacun peut remarquer, à voir Celidée que Lycidas avoit dit la vérité, parce que l’esclat de son visage estoit si grand qu’il attiroit les yeux de chacun, et quoy qu’il y eust quelque deffaut en a beauté, on jugeoit bien que le temps y rapporteroit la perfection necessaire. Cependant que chacun s’amusoit à la considerer, Leonide, desireuse, à cause des paroles de Lycidas, de sc,avoir leur different, s’advança vers elle, et après avoir saluée, la pria au nom de toute la trouppe de s’asseoir sur les degrez du Terme, pour y passer une partie du chaud, sous l’ombre des sicomores qui estoient plantez au quatre costez des chemins. Elle qui estoit courteoise et qui sçavoit bien le respect qu’elle devoit à la nymphe, et qui outre cela estoit bien aise d’éviter les importunitez des deux bergers, obeyt librement à la volonté de Leonide. Et lors qu’ils vouloient prendre leur places, Diane arriva, qui embrassée par la nymphe, et saluée de Paris, se mit parmy cette bonne compagnie. Lycidas cependant, qui ne pouvoit supporter Silvandre aupres de Phillis, le voyant revenu, se desroba