Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/52

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de la trouppe sans qu’on s’en prist garde, et s’enfonçant dans le bois, s’en alla seul entretenir ses tristes pensées.

Et lors Leonide, ayant fait asseoir Célidée aupres d’elle et Astrée de l’autre costé, Diane se mit aupres de l’estrangere, et Paris aupres d’elle ; et parce que Phillis avoit pris place au costé de la triste Astrée, Silvandre demeura debout avec Thamire, et Calidon, d’autant que s’ils se fussent assis autour du Terme, ils eussent tourné le dos à ces belles bergeres, et n’eussent pas eu les biens de les voir d’autant que ce costé là estoit trop estroit. Paris, et Phillis estoient en partie assis sur les costez qui tournoient, mais ils ne laisoient de voir et parler aux autres en se panchant quelque peu.

Estant de ceste sorte arrangez, la nymphe qui cognoissoit bien que la honte empeschoit Célidée de parler, à fin de la r’asseurer, rompit de ceste sorte le silence : encore, belle Célidée, que de veue vous ne fussiez point cogneue de nous, si est-ce que le bruict de vostre beauté n’a pas laissé de venir jusques à nos oreilles, nous donnant la curiosité de sçavoir qui vous estes et quelle est vostre fortune. Lycidas, nous a appris en partie le different qui peut estre entre vous et ces deux gentils bergers, mais parce qu’il y en a qui le racontent de divers façon, nous serions bien ayses d’en savoir la vérité pas vostre bouche mesme. – Madame, respondit l’estrangere, vous avez