Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/514

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l’une et en l’autre, et voyant qu’en, effect ce qu’il cherchoit n’y estoit point, il ramasse dans un pan de son saye tout ce qui estoit en terre, n’ayant pas le loisir de le remettre en ses poches, et s’encourt en sa caverne, pensant l’y avoir oublié. Mais apres beaucoup de peine, il ne le peust trouver, car c’estoit ce que Leonide avoit desrobé. Il n’y eut feuille en sa caverne, ny de sa caverne à la fontaine, ny de la fontaine aux lieux où il avoit esté ce jour là, qu’il ne tournast et retournast, de sa main, voire de petits festus qu’il n’y avoit pas apparence qui le puissent couvrir, tant estoit grand le desplaisir de ceste perte et le desir de la recouvrer. Car outre qu’il tenoit ces lettres cheres, comme escrites de la main de sa bergere, encore les aymoit-il comme les tesmoins et de son bon-heur et de sa fidelité, et comme le plus doux entretien qu’il peust avoir en la miserable vie qu’il menoit. En fin voyant qu’il se travailloit en vain, et qu’il n’y avoit plus d’esperance de trouver ces cheres lettres : Helas ! dit-il, croisant les bras l’un dans l’autre, et regardant pitoyablement le ciel, comme luy demandant justice, helas ! quel injuste demon m’a ravy le peu de contentement qui me restoit ? Demon, pour certain faut-il bien qu’il soit, puis que nulle personne n’a esté icy, et quand elle y eust esté, elle n’eust peu avoir le courage de commettre une si grande cruauté !

Puis despliant les bras, joignant les mains, et entrelassant