Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/517

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Lettre D’Astrêe à Celadon .

N’advouerez-vous pas à ce coup, mon fils, que je vous ayme plus que vous ne m’aymez, puis que je vous envoye mon pourtraict, n’ayant jamais peu obtenir le vostre par toutes mes prieres ? Mais Amour est juste en cela, puis qu’il sçait bien qu’il faut tousjours secourir premierement ceux qui en ont plus de necessité. La foiblesse de vostre amitié avoit plus de besoin de ce souvenir que non pas la mienne. Recevez-le donc, pour tesmoignage de vostre deffaut. Qu’en croyez-vous, Celadon ? Penseriez-vous estre aymé de moy si je doutais de vostre affection ? Je me moque, berger, car si j’avois cette opinion de vous, je ne voudrois pas que vous eussiez ceste creance de moy. Et pour ce, ne doutez point, tant, que je vous feray paroistre d’avoir memoire de vous, que ce ne soit un gage tres-asseuré de l’estat que je fay d’estre veritablement aymée de mon fils. [278/279]

Seroit-ce point, disoit Leonide toute estonnée, que Lycidas ayant trouvé apres la perte de son frere ces lettres entre ses meubles plus chers, les eust gardées pour l’amitié qu’il luy