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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/53

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trop de courtoisie de vouloir prendre la peine d’escouter l’histoire de nos dissentions, et si cela je cognoissois qu’il y allast de vostre service, je le ferois librement, enore que ce ne seroit pas sans peine pour le déplaisir que me rapporte la souvenance des choses passées ; mais, grande nymphe, cela n’estant pas, je vous supplie de m’en décharger, et permettre que l’on vous entretienne de quelque meilleur discours. Madame, interrompit incontinent Calidon, ayez agreable, puisce que ceste bergere ne daigne tourner ses pensées sur nous, que je vous raconte ce que vous avez desiré sçavoir d’elle, et veux bien que ce soit en sa presence, et en celle de Thamire, à fin qu’ils me démentent et que je ne dis la vérité. – Grande nymphe, dit incontinent thamire, d’autant que j’ay le plus grand interest en cet affaire, il est plus raisonnable que vous l’oyez de ma bouche. – Si cela estoit, adjousta Célidée, ce seroit à moy à parler, puisques vous estes tous deux conjurez contre moy. – Cela n’et pas raisonnable, dit Calidon ; car si vous estes, ô belle Célidée, contre nous deux, nous ne laisons pas de d’estre tous deux à vous. Et quand à Thamire, il sçait bien que si celuy à qui l’on fait le plus de tort, doit avoir la permission de se plaindre, c’est à moy, à vous dire, ô grande nymphe, l’extreme offence que l’on me fait, puis que la belle Célidée m’offence en me refusant, et Thamire me