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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/520

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car il s’estoit desja retiré tout triste en sa caverne : apres avoir cherché en vain ce qu’elle luy avoit desrobé, En fin Amour, qui est prudent, luy fit prendre garde que l’herbe depuis la fontaine jusques assez loin de là estoit foulée comme un sentier nouveau, et qui n’est pas bien encor batu. Elle jugea, et certes fort à propos, que ce sentier la conduiroit où s’estoit retiré ce berger. Et de faicit c’estoit la. verité que Celadon ayant accoustumé de passer par là., lors que de sa caverne il s’en venoit en ce lieu, en avoit fait si souvent le chemin, que l’herbe en estoit foulée comme d’un nouveau sentier. Le prenant donc pour son guide, elle ne l’eust point suivy cinq ou six cens pas, qu’elle se trouva, proche du rocher où Celadon faisait sa retraitte ; toutesfois, d’autant que les arbres et buissons qui luy estoient à l’entour le couvroient tout, elle eut presque peur de s’en approcher, craignant que ce ne fust le repaire de quelque loup ou sanglier, ou pour le moins de quantité de serpents. Et comme elle estoit en suspens, il luy sembla d’ouyr souspirer ; ce qui luy fit connoistre qu’il y avoit quelqu’un. Mais jugeant aussi que les couleuvres et serpens sifflent quelquesfois presque de la sorte, elle ne s’en approchoit qu’avec apprehension, et si doucement que Celadon qui estoit dedans ne s’en aperceut point. Mais encor qu’à sa venue elle eust