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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/54

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voulant ravir ce que l’amour m’ordonne, et que luy mesme m’a donné. – si vous confessez, respondit Thamire, que se plaint de Célidée, comme de celle qui l’ayant aimé, ne l’ayme plus, et de Calidon, comme de la personne du monde, qui lui est la plus obligée, et la plus ingrate. – Et moy, repliqua Célidée, je me plains, grande nymphe, d’estre la butte des importunitez de tous les deux, et qu’il semble qu’ils ayent fait dessein de me voir plustost morte que de me laisser en repos ; de sorte que si le plus intéressé doit estre celuy à qui l’on dot permettre de parler, qu’ils se taisent seulement, et me laissent la parole libre.

Ceste dispute eust duré longuement entr’eux, si leonide, sousriant n’y eust mit fin; mais, leur ayant imposé silence, elleleur proposa que, puis qu’ils ne pouvoient estre d’accord, à qui seroit le premier, il estoit à propos de le tirer au sort. Surquoy chacun, ayant mis son gage dans le chapeau de Silvandre, ils furent tirez par Leonide : le premier fut celuy de Thamire, l’autre de Calidon, et le dernier de la bergere. C’est pourquoy chacun jettant les yeux sur Thamire, apres une grande reverence, il commença de parler ainsi :

Histoire de Celidée, Thamire et Calidon