Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/55

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Puis qu’il a pleu au grand Tautates, de m’eslire pour vous raconter les dissentions qui sont entre nous, je proteste qu’encores que ce soit la coustume des personnes intéresés de ne dire que ce qui est à leur advantage, je ne celeray ny ne desguiserai rien de la verité, à condition qu’il me sera permis par apres d’alleguer à part mes raisons, quand chacun aura deduit les siennes.

Sçachez donc, grande nymphe, qu’encores que nous soyons, Calidon et moy, demeurants dans ce proche hameau de Mont-verdun, nous ne sommes pas toutesfois de cette contrée. Nos peres et ceux d’où ils sont descendus sont de ces Boiens, qui jadis sous le roy Belovese sortirent de la Gaule et allerent chercher nouvelles habitations delà les Alpes, et qui apres y avoir demeuré plusieurs siecles, furent en fin chassez par un peuple nommé Romain hors des villes basties et fondées par eux. Et parce qu’il y en eut une partie qui estant privez de leurs biens s’en allerent outre la forest Hircinie, où les Boiens leurs parents et amis s’estoient establis du temps de Sigovese, et d’autres choisirent plustost de revenir en leur ancienne patrie,