Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/541

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de remettre cette offence à sa consideration. – Mais, m’amie,. respondit-elle, c’est contre Adamas que je suis en colere, puis que c’est luy qui m’a fait ceste offence. – Madame, repliqua Silvie, me permettez-vous de vous dire un conseil que ma mere me donna quand je la laissay ? – Ma fille, me dit elle, ressouvien-toy, quand quelqu’une de tes compagnes t’aura fait desplaisir, de ne leur faire jamais paroistre que tu leur en vueilles mai, que quand tu auras le moyen .de t’en venger. Car si tu le fais en autre saison, cela ne servira qu’à l’aigrir d’avantage contre toy, et à te faire ouvertement ce qu’elle ne faisoit qu’en cachettes.Je veux dire aussi, madame, que vous ne devez point faire paroistre la mauvaise satisfaction que vous avez d’Adamas que vous ne la luy puissiez faire ressentir, de peur que se voyant hors de vos bonnes grces, il ne face ou die chose qui vous rende encor plus de. desplaisir. Ainsi par la prudence de ceste jeune nymphe, Galathée oublia une partie de la colere qu’elle avoit contre moy, et se resolut de n’en faire rien paroistre à mon oncle que la saison ne fust changée, de quoy Silvie m’avertit incontinent, afin qu’Adamas ne faillist pas de se trouver aux festes que Amasis preparoit.

Mais cependant Polemas n’estoit point sans peine, car il voyoit que par toutes les nouvelles