Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/543

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amoureux de Diane, que delaissant sa premiere façon de vivre, il ne s’habille plus qu’en berger, et ne se soucie que des exercices de berger. – Est-ce de Diane, dit Celadon, qui est fille de la sage Bellinde ? – C’est, respondit la nymphe, de celle-là mesme. – Je vous asseure, adjouta le berger, que c’est bien une, des plus belles, des plus sages et des accomplies bergeres que je vis jamais, et , qui merite une aussi bonne fortune, et je prie Teutates qu’il la luy envoye. -Je suis, dit la nymphe, de vostre opinion, mais je ne croy pas que Paris l’espouse, car elle m’a dit quelquesfois que je luy en ay parlé, qu’à la yerité elle ayme et honore Paris, et qu’elle connoit bien l’honneur qu’il Iuy fait de la rechercher et l’advantage que ce luy peut estre ; mais qu’elle ne sçait pourquoy elle ne le peut aymer d’autre sorte, que comme s’il estoit son frere, qu’elle reconnoit bien ses merites, mais qu’il luy est impossible de l’affectionner d’autre sorte. – Comment ? interrompit Celadon, en sont-ils desja venus si avant ? et vous parle t’elle familierement de ces choses ? Je le trouve estrange, me ressouvenant de son humeur, qui est assez retenue, voire mesme si retirée, que ses compagnes qu’elle ayme le plus,qui sont,comme je crois, Astrée et Phillis, sçavent fort peu de ses intentions. – O berger, respondit la nymphe, depuis les trois ou quatre lunes que vous n’y avez esté,