Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/552

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infinité que je luy donneray à toutes les heures. Cette resolution fut donc .prise de ceste sorte entre nous, et dés le soir mesme, Paris fit entendre à Adamas que s’il le trouvoit bon, il m’accompagneroit à la chasse où j’avois envie d’aller le lendemain. – Non pas, luy dit-il, la seulement, mais par tout où elle voudra, car j’en ay tant aymé le pere, que quoy que je fasse, je ne m’acquitteray jamais envers la fille de l’amitié que je luy ay portée. Paris n’attendoit que ceste declaration pour parachever son dessein.

Cela fut cause que le lendemain, apres avoir disné de bonne heure, nous descendismes la colline de Laignieu, et passant la claire riviere de Lignon sur le pont de Trelin, nous vinsmes suivant la riviere, jusqu’auprés de la Bouteresse, où remontant un peu, et laissant le temple de la bonne Déesse à main droitte, nous vinsmes sur un lieu relevé, d’où nous pouvions voir presque tous les destours de Lignon, et les lieux où les bergers menent paistre leurs troupeaux ; mesmes nous y en vismes qui, pour estre trop esloignez, ne peurent estre recognus de nous. Et lors que par un petit sentier nous commencions à descendre dans la plaine : Voyez-vous, luy dis-je, mon frere, en la luy monstrant du doigt, ceste touffe d’arbres qui est à main droitte, et qui s’approche un peu du bord de la riviere, c’est le