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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/57

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trop pour elle, et elle trop peu pour moy ? et combien de fois voyant qu’il estoit impossible, et que son aage venoit à pied de plomb, et le mien s’en alloit à tire d’aysle, ay-je voulu me retirer de cette vaine affection ? Mais ne le pouvant faire, et une lune s’escoulant apres l’autre, quoy que trop lentement selon mes souhaits, elles parvint enfin jusques à l’aage de dix ans, qu’elle commençà de donner une si grande esperance de sa beauté que je n’avois plus de honte d’aymer un enfant, se pouvant dire dés lors la plus belle fille du hameau. Je me souviens que sur ce sujet je fis ce vers :

Sonnet


D’une jeune beauté.

Quelle aurore jamais d’un beau jourdevanciere
Eut le sein plus semé de roses et de lys ?
Ou quels nouveaux soleils, de rayons embellis,
Furent jamais si beaux commençant leur carriere ?

Dès qu’on t’a veu paroistre, aux rais de ta lumiere,
Tous les autres soleils soudain sont deffaillis,