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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/584

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se compare à la riviere de Lignon.

Riviere que j’ accrois couche parmy ces fleurs,
Je considere en toy ma triste ressemblance :
De deux sources tu prens en mesme temps naissance
Et mes yeux ne sont rien que deux sources de pleurs.

Tu n’as point tant de flots que je sens de malheurs.
Si tu cours sans dessein, je sers sans esperance.
En des sommets hautains ta source se commence.
D’orgueilleuses beautez procedent mes douleurs.

Combien de grands rochers te rompent le passage ?
De quels empeschements ne sens-je point l’outrage ?
Toutes fois. en un point nous differons tous deux :

En toy Fonde s’accroit des neges qui se fondent,
Plus on gele pour moy, plus mes larmes abondent,
Quoy que tu sois si froide, et moy si plein de feux.