Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/586

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais ayant autresfois esprouvé les forces d’amour, il jugea bien que ceste violente maladie le pourroit reduire en un estat encor plus dan- gereux, s’il demeuroit sans remede. C’est pourquoy, apres les salutations ordinaires, il le prit par la main, et le fit asseoir aupres de luy au mesme lieu où il estoit couché auparavant, où apres quelques discours, il luy tint ce langage : Mais, mon enfant, en quel estât est celuy où je vous trouve ? Estoit-ce pour vivre de ceste sorte que vous me requistes dans le palais d’Isoure, de vous sortir de la peine où vous estiez ? Faisiez-vous dessein de vous venir renfermer dans cest antre, et vivre loin de la frequentation des hommes, comme une personne sauvage ? Vous estes nay, Celadon, à quelque chose de meilleur, vous, dis-je, que le grand Taramis a particulierement doué de la raison, ne serez-vous condamné par son infaillible jugement si à la necessité vous ne produisez les effects qu’il attend de vous ? S’il a mis quantité de troupeaux et de pasturages sous vostre charge, pensez-vous n’estre pas obligé de luy en rendre compte ? Tout ce qui est sous l’estendue du ciel est à luy, et nous n’en sommes que les gardiens, et ne faut point douter qu’il ne nous en demande en fin un compte fort particulier. Et que luy respondrez-vous, mon enfant, quand ce temps-là sera venu ? Encores qu’il nous