Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/590

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par tant d’années. Que s’il l’a voulu, s’il l’a sceu, et l’a eu agreable, avec quelle justice me pourra-t’il punir, si je continue à ceste heure, qu’il n’est pas mesme en ma puissance de faire autrement ? de moy Tharamis tout ce qui luy plaira, que mes troupeaux deviennent ce qu’ils pourront. Que mes parens et amis se plaignent et ayent telle opinion qu’ils voudront, ils doivent estre tous satisfaits et contents de moy quand je leur diray pour toute raison que J’AYME.

– Mais comment, respondit Adamas, voulez-vous tousjours vivre de ceste sorte ? – L’eslection, respondit le berger, ne depend de celuy qui n’a ny volonté ny entendement. – Si cela est, adjousta le druide, vous cessez d’estre homme. – II y a long temps, repliqua le berger, que ce soucy ne me touche nullement. – Mais si vous aymez, continua le druide, comment ne vous efforcez-vous de voir celle que vous aymez ? – Si j’ayme, respondit-il, comment voudrois-je desplaire à celle que j’ayme, ou comment luy desobeir ? ou plustost comment ne recevray-je un extrême contentement de luy plaire et de luy obeir ? – Mais, dit le druide, elle ne sçait pas que vous luy obeissez. – II suffit, respondit le berger, quand il n’est pas permis d’en donner plus de cognoissance que, pour notre satisfaction,