Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/591

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nous sçachons que nous avons fait ce qui a esté de nostre devoir. Il n’y a point de plus fidelle tesmoin, ny de juge plus rigoureux contre nous que nous-mesmes.

Le druide ne sçavoit s’il devoit plus estimer la vivacité de cest esprit en ses responces, que blasmer Terreur auquel il estoit ; mais en fin considerant que le mal n’estoit pas encor venu à son declin, il pensa que ce seroit l’animer d’avantage que de luy presenter de plus violents remedes. Cela fut cause que s’estant teu quelque temps : Or, Celadon, dit-il, ce que je vous en ay dit, c’a seullement esté pensant d’y estre obligé par les loix de l’amitié, et par le devoir de ma? charge, et non pas pour vous contrarier. Seullement je veux une chose de vous, et que vous ne me devez point refuser, puis que c’est pour mon contentement. Il faut que vous sçachiez que j’ay une fille que j’ayme plus que toutes les choses que la. bonté de Tharamis m’a données. Et parce qu’il n’y a nul bien entre les hommes qui soit parfait de tous points, le contentement de ma chere fille m’est infiniment diminué par sa longue absence, et par la connoissance que j’ay d’en devoir estre encor fort long temps privé. Or dés l’heure que je vous vy au palais d’Isoure, il est certain que je vous aymay pour sçavoir que vous estiez fils d’Alcippe et d’Amarillis, mais il faut que je confesse