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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/593

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en quelque sorte.

Il avoit esté ordonné par Dis Samothes, et depuis, reconfirmé parle grand Druys, instituteur des druides que les sacrificateurs qui auroient des fils, envoyeroient leurs aisnez aux escoles des Carnutes, où pendant dix ans ils apprenoient leur science, dix ans ils l’enseignoient aux autres, et dix ans ils servoient aux sacrifices et jugements publics, et apres ils pouvoient retourner chez eux et exercer la charge de druides par toutes les Gaules. Que s’ils n’avoient que des filles, ils estoient contraints d’envoyer les aynées, depuis l’âge de dix. ans, au mesme lieu où elles estoient instruites, puis instruisoient, et en fin jugeoient, comme nous avons dict, car les Gaulois s’arrëstoient bien souvent au jugement de. ces femmes druides. Et ce temps-là estant passé, elles revenaient en la maison de leurs peres, où elles se pouvoient marier.

Or ceste resolution estant prise de cette.sorte, Celadon fut celuy qui en eust plus de profit ; car dés le commencement Leonide luy rendit ses lettres qu’elle luy avoit desrobées, qui luy fut un grand presage de meilleure fortune, ayant tousjours ouy dire, que comme les malheurs ne viennent jamais seuls, il semble aussi qu’un bonheur en attire un autre. Et depuis estant visité fort souvent, tantost par Leonide, et tantost par le druide, il estoit fort diverty des tristes pensées qui le consommoient,