Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/594

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outre que le soin qu’Adamas avoit de luy donner des vivres secrettement, n’estoit pas petit. Et veritablement ce fut une bonne rencontre pour Celadon, que la bonté du druide et l’affection de la nymphe, car elles estoient cause que l’un et l’autre estoient soigneux de luy outre mesure, et par dessus leur devoir et grandeur. Mais ce qui donna plus de soulagement à ce berger, ce fut que la nymphe luy porta de l’ancre et du papier, parce qu’estant seul, il s’amusoit à mettre par escrit les passions qu’il ressentoit, ce qui le contentoit beaucoup quand il les luy relisoit ; les playes d’amour estant de telle condition que plus elles sont cachées et tenues secretes, plus aussi se vont-elles envenimant, et semble que la parole avec laquelle on les redit, soit un des plus souverains remedes que Ton puisse recevoir en l’absence. En mesme temps Adamas qui jugeoit bien que les trop continuelles pensées du berger ne faisoient que l’arrester et raffermir d’avantage en sa melencolie, luy conseilla de passer son temps dans le boccage sacré, qui estoit aupres de là, fust à graver sur les escorces des jeunes arbres des chiffres et des devises, fust à faire des tonnes et cabinets, pour l’embellissement du lieu, et pour cet effet luy, apporta des outils necessaires. Ce berger qui desjaavoit repris ses forces et sa premiere