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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/595

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beauté, ayant aussi l’entendement renforcé, cogneut bien qu’Adamas le conseilloit avec raison de fuir ceste nonchalante oysiveté où il avoit vescu ; et cela fut cause que s’en allant de compagnie au lieu qu’il luy avoit dit, il commença d’y travailler. Mais tout ce qu’il faisoit, c’estoit par le dessein du druide qui aussi, comme un bon medecin s’accommodant avec son malade, luy assaisonnoit tous ses conseils par quelque dessein d’amour : Voyez-vous, luy disoit-il, mon enfant, encore que selon nos statuts, nous ne devions point faire de temples à Teutates, Hesus, Belenus, Tharamis nostre Dieu, si est-ce que depuis que ces usurpateurs de l’autruy, je veux dire ces peuples que l’on appelle Romains, apporterent avec leurs armes leurs dieux estrangers dans les Gaules, et que perdant nostre ancienne franchise, nous fusmes contraints de sacrifier en partie à leur façon, nous avons eu des temples où nostre Dieu a esté adoré parmy les leurs. Et parce que la coustume est passée en fin en loy, il vous sera permis, Celadon, de dedier une partie de ce bocage, non pas comme à une premiere divinité, mais comme à un tres-parfait ouvrage de ceste divinité, à vostre belle Astrée ; ce que nostre Dieu ne trouvera point plus mauvais que les temples dediez par ces estrangers à la déesse Fortune, à la déesse Maladie ou à la déesse Crainte,