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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/601

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redoutent sur tous les chastimens, à cause de la foudre qu’ils luy attribuent ; outre que leur semblant que le pardon des fautes se doit attendre du plus grand de tous les dieux, ils disoient que c’estoit Juppiter, qu’ils croyent estre le premier et plus puissant de tous. Et parce qu’ils nous voyoient recourre à BELENUS, quand nous estions en doute de nostre santé ou de nos amis, ou que nous desirions d’avoir des enfans, ils se persuaderent que c’estoit leur Apollon, qu’ils croyent estre l’inventeur de la medecine ; outre que luy donnant la conduite du soleil, voire prenant mesme bien souvent l’un pour l’autre, et sçachant que le soleil est la cause de la vie de tous les animaux, et de plus que l’homme et luy engendrent l’homme, ils eurent quelque raison de penser que c’estoit nostre BELENUS.

Mais il est certain, mon cher enfant, qu’il n’y peut avoir qu’un Dieu, car s’il n’est tout-puissant, il n’est point Dieu. Que s’il y avoit deux Tout-puissants, la puissance seroit divisée, outre qu’il faudroit qu’ils fussent ou semblables ou differents : s’ils estoient semblables du tout, ils seroient les mesmes, et ainsi ne seroient qu’une chose ; s’ils estoient differents, il faudroit que le bon fust different du bon, ce qui ne peut estre. Je vous dis ces raisons familieres, pour ne vous apporter les autres qui sont