Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/602

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fortes et plus pressantes, mais plus obscures aussi, et plus difficiles à estre comprises. – J’ay tousjours creu, mon pere, dit Celadon, qu’il n’y a qu’un Dieu, roy et seigneur de tous les autres ; mais je pensois aussi que comme entre les hommes nous voyons des rois qui ont des officiers sous eux, de mesme il y eust de petits dieux sous celuy qui estoit le principal, et ce grand Dieu, je le nommois Teutates, et les autres, Hesus, Tharamis et Belenus que j’adorois apres luy. – En cela, mon enfant, respondit le druide, vous aviez quelque raison, et toutesfois vous faisiez une grande erreur, car ceux que vous nommez ainsi ne sont proprement que .surnoms de ce grand Teutates. Et quoy que je vous avoue qu’il ait des officiers sous luy comme les roys que vous dites, si devez-vous entendre qu’ils ne meritent point l’adoration qui n’est deue qu’à un Dieu. – Et pour quoy, mon pere, repliqua Celadon, les vois-je dans les temples aupres de nostre grand Teutates ?

– Mon enfant, respondit Adamas, je vous ay desjà dit que les Romains ont meslé leur religion parmy la nostre. Il faut que vous sçachiez que par nos loix il nous est deffendu de faire image de Dieu, parce que l’image n’estant que la representation de quelque chose, et estant necessaire qu’il’ y ait quelque proportion entre la chose representée et celle qui represente, nostre