grand Dryus, ne jugeant pas qu’il y eust rien entre les hommes qui en peust avoir avec Dieu, nous deffendit tres-expressement d’en faire, non plus que des temples, luy semblant que c’estoit une grande ignorance de penser de pouvoir enclorre l’immense deité dans des murailles, et une tres-grande outrecuidance de luy pouvoir faire une maison digne d’elle. Cela est cause qu’à la façon de ces anciens, pere et ayeul du grand Samothes, il nous fut commandé d’adorer Dieu dans des boccages en campagne, boccages toutesfois qui luy estoient consacrez par la devotion du peuple, de peur qu’ils ne fussent profanez, et en ces lieux-là on choisissoit de grands chesnes, comme nous faisons encore, sous lesquels Dieu estoit adoré. Et de là est avenu que les Romains entrant en nos contrées, et voyant nos saincts boccages et la iaçon de nos sacrifices, ont dit tous estonnez : que nous estions seuls entre les hommes qui ne cognoissions point Dieu, ou les seuls qui le cognoissions. Et toutesfois, quoy qu’ils ayent voulu ravaler la gloire, non seulement des Gaulois, mais de tous les peuples qui comme des loups affamez, en ont esté engloutis, si ne se sont-ils peu empescher de dire en parlant de nous que les Gaulois sur tout sont tres-religieux, et pleins de devotion envers les dieux. Mais d’autant que le vainqueur donne des loix qu’il luy plaist au vaincu, ils en firent de mesme en
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