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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/625

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haut, parce qu’il ne craignoit de l’esveilier, ayant eu commandement d’elle de le faire aussi tost mesme que la lune luiroit. Mais la bonne fortune de Celadon ne le voulut afin qu’il eust ce contentement de voir sa maistresse en ce lieu, et fut cause qu’encor que Silvandre eust veillé une partie de la nuit, il n’eut toutesfois la hardiesse d’interrompre le sommeil de sa maistresse, craignant qu’elle s’en trouvast mal, ou que peut-estre elle eust trop d’incommodité à marcher sous la foible lueur de la lune parmy ce bois. Apres que ce berger eut proferé ces paroles, il se mit à genoux pour luy baiser une main, mais ayant peur d’estre apperceu de ces deux bergeres qu’il ne vit plus en leurs places, il se releva marry d’en avoir tant fait, si toutesfois il avoit esté veu.

Cependant ces deux bergeres le regardoient, et Phillis qui estoit bien aise de divertir Astrée : Ne me croyez jamais, ma sœur, luy dit-elle, si ce berger n’ayme Diane, et. s’il n’a esté moins fin qu’il ne pensoit estre. – J’en parlois hier à Diane, respondit tristement Astrée, et selon ce que j’en peus recognoistre, il n’en doit attendre que du desplaisir, car non seulement elle ne le veut point aymer,mais ne veut pas mesme sçavoir qu’il l’ayme. – Voilà, adjousta Phillis, une resolution qui semble devoir conduire en peu de temps Silvandre aux termes de Celadon et Diane à ceux d’Astrée. –