il ne rejette jamais.
A ces dernieres paroles elles arriverent si prés de Diane que Phillis ne luy peust respondre autre chose sinon : Nous verrons bien tost, ma sœur, qui de nous deux aura fait un plus certain jugement.
Cependant que ces bergeres parloyent de ceste sorte, Paris, Hylas, Tircis et Tersandre ayant esté esveillez par Silvandre, s’en venoient trouver ces bergeres et parloient si haut en s’en approchant que Diane s’esveilla presque au mesme temps que Phillis la vouloit pousser de la main. Elle fut honteuse de se voir presque toute des-habillée en si bonne compagnie, et cela fut cause que ramassant son poil d’une main, et couvrant son sein de l’autre, elle s’eslongna entre quelques arbres, où Astrée et Phillis la suivirent, et luy raconterent, cependant qu’elle se coiffoit, la vision d’Astrée, la lettre qui luy est oit tumbée du sein, et en fin la resolution qu’elle avoit prise de faire un vain tombeau à l’ame de Celadon, puisque ses parens n’avoient point de soucy de son repos. – Cet office, respondit Diane, est vrayement plein de pitié, et de pieté, et quant à moy il n’y a rien que j’y des-apreuve, sinon que ce sera donner occasion à plusieurs de parler, trouvant estrange que l’inimitié de vos parens soit changée en une si bonne volonté. – Comment, estrange ? repliqua la triste bergere, elle devroit