Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/635

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d’elle si elle auroit agreable qu’il leur en parlast ; mais elle qui le recognut bien, pria Phillis de ne s’eslongner plus comme elle avoit fait, de peur que Paris ne reprist son discours. Ayant donc choisi ceste perche, ils essayerent de la couper, mais leurs cousteaux n’estant pas assez forts, ils se contenterent de la marquer, en attendant qu’Astrée fust de retour, croyant bien que Silvandre n’auroit pas oublié ce qu’il faudroit pour cet effect.

Reprenant donc le chemin du temple de la Bonne Déesse, ils s’en alloient au petit pas ; et peut-estre que Paris vouloit retourner sur les discours qu’ils avoient laissez, lors qu’ils apperçeurent à la sortie du bois une bergere qui se peignoit sous un large sycomore. Et parce que ses cheveux blonds et crespez estoyent si longs qu’ils la couvroyent presque tout d’autant qu’elle estoit assise, ils ne seeurent d’abord juger ce que c’estoit. Mais s’en estant un peu approchez, et ayant rafermy leur veue, ils recogneurent que c’estoit une bergere; son visage toutesfois que les cheveux cachoient en partie, ne pouvant estre bien veu par eux, leur donna la curiosité de s’en approcher d’avantage. Et lors qu’ils essayoient de la recognoistre, ils veirent un jeune berger qui se vint jetter devant elle à genoux, la surprenant de sorte qu’elle n’avoit eu le loisir de se lever. Ny ce berger ny ceste bergere ne peurent estre recognus de ceste troupe,