Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/639

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houlette qui estoit à terre, et partit de ce lieu, laissant ce pauvre berger tant affligé qu’il n’eut ny la force. ny là hardiesse de la suivre. Diane la voyant partir fut en volonté de l’appeller, mais considerant que sans y prendre garde plie s’en alloit vers l’autre berger, elle pensa bien qu’il l’arresteroit, et que par ce moyen elle pourroit apprendre d’avantage de ses nouvelles. Et de fait cest autre berger, la voyant venir vers luy, Talla rencontrer, et la print par sa robbe, de peur qu’elle ne passast outre ; mais elle qui fuyoit encor plus celuy-cy, voulant rudement se demesler de ses mains se laissa cheoir si à propos qu’il sembloit qu’elle se fust assise à son gré. Le berger se jetta incontinent à genoux, et luy demandant pardon de ceste faute. – Ce n’est point de ceste-cy, dit-elle, berger, qu’il faut que vous vous repentiez, mais de celle qui m’a fait perdre toute la bonne volonté que je vous ay jamais portée. – Pour celle-là, respondit incontinent le berger, au lieu des paroles j’y mettrois le sang et la vie; mais je n’ose vous en supplier, sinon avec le silence et la soubmission, puisque aussi bien je ne sçay quelle elle est veritablement. – Il n’y a, Palemon, repliqua-t’elle, plus grande ignorance que de celuy qui ne veut pas sçavoir quelque chose, mais cela ne me touche point. Je suis guerie de ceste blesseure, et de telle, sorte que la marque n’y paroist plus. –