Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/640

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II est aysé, dit le berger, de guerir d’une playe qui n’a pas esté grande. – Je ne vous diray pas, respondit-elle, quelle elle a esté, pour n’augmenter d’avantage vostre vanité ; tant y a que j’aymerois mieux la mort que’ de retomber aux mesmes accidens dont je suis sortie. – Or voyez, dit alors le berger, à quel poinct je suis reduit ; l’affection que je vous porte a tant de puissance sur moy, que si la condition où vous estes, vous plaist autant que vous dites, elle me deffend de vouloir que vous la changiez jamais, pourveu que vous permettiez que je retourne en celle où je soulois estre. Et de mesme, dit-elle, considerez combien je suis esloignée et differente de vous, puisque j’aimerois mieux ne voir jamais personne que si je vous voyois en l’estat où vous souliez estre. Et pour preuve que je dis vray, ou ne m’en parlez plus, ou ne me retenez plus icy par force. – Puis dit-il, que vous me deffendez la parole ou le contentement d’estre aupres de vous, permettez-moy pour le moins de chanter ce que mes yeux ne cesseront jamais de pleurer. Et lors il souspira ces vers, ausquels pour luy deplaire elle respondit.

Dialogue Palemon, Doris

I
PALEMON

Si fayme autre que vous, que je meure, et soudain