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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/65

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mettre en fin au lict.

Pensez, madame, quel estoit le regret que j’avois de son mal, et queue la peine que j’en recevais, ne pouvant y trouver remede. On luy vit aussi tost les yeux enfoncez, et le teint jaune, et pour le dire en un mot, il devint si maigre et si changé, qu’il n’estoit pas recognoissable. Je le fis voir aux plus sçavants et experimentez de toute cette contrée, et lors que la reputation me faisoit cognoistre le nom de quelqu’un, je ne plaignois ny la peine ny la despense de l’envoyer querir. Il n’y eut Vacie en la contrée qui je ne fisse faire sacrifice pour appaiser Tautates, Hesus, Tharamis, et Belenus, si de fortune Calidon les avoit offensez ; il n’y eut Eubage de qui je ne demandasse les augures, et l’opinion ; il n’y eut barde que je ne priasse de venir chanter aupres de son lict, pour sçavoir si quelque harmonie ne pourroit point prevaloir par dessus la melancolie qu’il cachoit en son ame. Bref il n’y eut sage Sarronide qui à ma requeste ne le vint visiter, et luy donner quelque precepte contre l’ennuy, et quelque grave conseil contre la tristesse. Mais tout cela ne me profita de rien, non pas mesme les pleurs que l’amitié que je luy portois, m’arrachait des yeux par force, lors que je le pnois et conjurois, acoudé sur son lict, de me dire le sujet de son mal.

En fin languissant de ceste sorte, sans que les remedes