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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/650

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qu’ils auroient tous occasion de le suivre.

La nymphe qui estoit pleine de courtoisie, receut le salut de cette bergere et de ces deux bergers et Chrisante de mesme ; et lors, qu’elle vouloit parler, Palemon et Adraste se jetterent à ses genoux, luy disant : Si jamais amants ont merité que Ton prist compassion de leur peine, croyez, madame, que ces deux bergers se peuvent vanter d’estre ceux-là, de sorte que vous ferez une action digne de vous, s’il vous plait d’ouyr nos differents, et en ordonner comme non pas la raison, mais l’amour vous inspirera, car c’est à sa justice, et non point à celle d’aucun autre des dieux, que nous voulons demander secours. – Sans mentir, dit la nymphe si vous pensiez, gentile bergere, que la venerable Chrisante et moy fussions capables d’ouyr le subjet de vos dissentions, et d’en pouvoir juger, nous serions tres-aises de vous donner à tous le repos que je m’asseure que vous n’aurez pas, tant que vous demeurerez en l’estat où vous estes.

Doris, avec une tres-grande modestie, respondit de cette sorte : Grande nymphe, ces bergers, qui abusez de la faveur que vous leur faites de les escouter, vous font ceste supplication desadvan-tageuse pour eux, montrent bien qu’ils ne sçavent