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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/651

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ce qu’ils demandent ; car par la peine qu’il vous plait de prendre de nous escouter, vous ne descouvrirez que trop les mauvaistiez et infidelitez de l’un, et les indiscretions et importunitez de l’autre. Toutesfois, puis que la bonté qui est en vous surpasse nostre folie, madame, je vous en remettray le jugement, et à la venerable Chrisante, à. condition que ny eux ny moy ne contreviendrons jamais à ce que vous ordonnerez. – Je jure, dit Palemon, que je desobeyray plustost aux dieux qu’à ses commandements. – Et moy, dit Adraste, je proteste de vous aymer toute ma vie, quelque ordonnance qui me soit faicte au contraire ; mais je jure bien aussi par le Guy de l’An neuf, s’il m’est ordonné de vous quitter, que jamais vous ne recevrez importunité de mon affection et je ne ferois point de difficulté de vous faire une aussi entiere responce que ce berger, si l’extrême amour que je vous porte le pouvoit consentir. Mais en cela vous pouvez cognoistre combien son affection est moindre que la mienne. – Adraste, Adraste, dit alors Palemon, tu te trompes fort si tu penses que je vueille obeyr aux ordonnances de ceste grande nymphe, si elles me sont contraires, d’autre sorte qu’avec la fin de ma vie.