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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/652

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Si bien que je te surmonte autant en vraye amitié que toy faisant dessein de vivre estant condamné, et moy de mourir, ma passion estant plus forte que la tienne. Adraste luy respondit froidement : Puis que tu disposes ainsi absolument de ta vie, et de ta mort, tu monstres bien que tu as toute puissance sur toy. Mais helas ! mon affection qui est entierement maistresse de ma volonté et de toute mon ame, me deffend d’ordonner de moy si librement que tu fais. Si Leonide ne les eust interrompus, ils n’eussent si tost mis fin à leur dispute, estant chacun desireux outre mesure de monstrer à Doris qu’il l’aymoit d’avantage. Mais la nymphe prenant la venerable Chrisante d’une main, et Doris de l’autre : Cherchons, dit-elle, un lieu qui soit commode pour nous asseoir, afin que plus à nostre ayse nous puissions escouter leurs raisons ; ce sera une bonne œuvre que celle-cy et qui sera agreable aux dieux, et peut-estre non pas moindre que celle que nous venons de faire.

A ce mot, chascun prit une de ces bergeres sous les bras, Tircis Astrée, Paris Diane, et Silvandre, voyant que sa place estoit prise et que Lycidas estoit à costé, qui regardoit Phillis du coin de l’œil sans s’en vouloir approcher, se resolut de luy augmenter sa peine,