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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/666

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0 Dieux ! quel respect, quel honneur et quelle soumission me rendoit ce berger ! Ses merites et son affection estaient bien dignes d’estre aimez et mesmes accompagnez de la volonté que mon frere en avoit qui, comme j’ay cogneu depuis, faisoit dessein de nous marier ensemble. Mais que je ne puisse de ma vie avoir bien, si jamais j’eus seulement opinion que je luy peusse vouloir du bien plus particulierement qu’aux autres amis de mon frere î au contraire, je recevois sa recherche avec plus de froideur que de plusieurs autres. Car sçachant qu’il avoit de l’amour pour moy, il me semblait que de le souffrir sans peine, c’estoit faire tort à l’affection de Palemon, au lieu que les autres n’y estant poussez que de la civilité, ne pouvoient me faire ceste offence. Ce fut à celuy-cy que Palemon voulut que je deffendisse de me voir.

Considerez comme je le pouvois faire ! Aussi si Pantesmon n’eust eu plus de volonté de m’obeyr que ce berger de raison en ce qu’il demandoit, je ne sçay comme, à ce coup, j’eusse peu luy satisfaire, car en quelle sorte luy pouvois-je interdire la maison de mon frere qui l’aimoit peut-estre autant et plus qu’il ne m’aimoit pas ? Toutesfois quand je le retiray à part, et que je luy fis sçavoir ma volonté : Non seulement, me dit-il, je