Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/67

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bien conté depuis que je naquis, il ne s’en faut pas trois Ifines que trois siecles ne soient escoulez, il y en a plus de deux que je fais profession de mire, et puis que Tautates l’a voulu ainsi, ce n’a pas esté sans quelque bonne reputation, de sorte que j’ay tousjours esté employé en toutes les maladies des principaux de ceste contrée, voire des Boiens, des Eduois, mesmes des Sequanois, et Allobroges, ce que je ne vous dis que pour vous faue entendre que la longue experience que j’ay eue des maladies me fait parler avec beaucoup plus d’asseurance de celle de Calidon, qu’un plus jeune que moy ne pourroit pas faire. Je vous diray donc que le mal qu’il a ne procede pas du corps, mais de l’esprit, et si le corps en est attaint, c’est à cause de l’estroite union qu’il a avec l’esprit malade, qui luy fait ressentir comme sien le mal qui n’est pas de luy, tout ainsi que les amis ressentent le mal et le bien l’un de l’autre. Et quoy que ceste espece de maladie soit fort fascheuse, si est-ce qu’elle n’est pas si dangereuse que celle du corps, parce qu’il n’y en a point de l’ame qui soit incurable, pource que ceste ame estant spirituelle, n’est point sujette à corruption, ny à dissolution de parties, mais seulement à changer de qualité, laquelle, soit bonne, soit mauvaise, s’acquiert par l’habitude et cette habitude par une volonté opiniastre, si c’est au bien,