Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/673

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en cela, que luy de celles que je luy ay faites par le passé, et qu’il juge et confesse que justement le Ciel a pris la cause et la deffence de mon innocente amitié contre la personne la plus ingrate et la pus perfide qui ai jamais esté bien aymée. Que si, comme les joueurs qui perdent, il demande quelque chose pour sa derniere main, voicy, sage et grande nymphe, tout ce que je puis pour luy : je luy avoueray que je suis assez satisfaite de son ingratitude, que je luy quitte l’offence, que le vengeance qu’il m’a faite me plaist, voire, afin qu’il se retire entierement de moy, que j’ay pitié de son mal, mais que cela luy suffise, et qu’il ne m’importune plus. Ainsi finit la bergere avec une telle emotion, que le couleur qui luy en estoit venue au visage, la rendoit plus belle qu’elle ne souloit estre. Et lors que Leonide cogneut qu’elle ne vouloit rien dire d’avantage, elle fit signe à Palemon de respondre, s’il avoit à dire quelque chose contre ce qu’elle leur avoit fait entendre. Alors, le berger se relevant, apres avoir salué la nymphe, luy parla de ceste sorte :

Responce du berger Palemon

Grande nymphe, je cognoy