Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/681

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vie exempte de ces calomnies, ne les sçauroit supporter qu’avec de trop grands desplairs. Or considerez, grande nymphe, par ce veritable discours, si tels effects se voyent parmy les vulgaires affections, et de là prenez cognoissance, s’il vous plaist, de quelle qualité doit estre la mienne, et si estant telle, c’estoit sans raison qu’elle demandoit à ceste bergere de grandes preuves de la sienne, puis que l’amour ne se paye qu’avec l’amour. Et toutesfois ce qui advint de Pantesmon qui est, ce me semble, le plus grand suject de plainte qu’elle ayt contre moy, ne proceda pas seulement d’une jalousie mal fondée, comme elle dict, mais de beaucoup de raison. Car ainsi qu’elle vous a advoué, ce berger est tel, et a tant de bonnes conditions qu’il est plus croyable que celle qu’il recherchera le doive aimer que mespriser. De plus l’amitié que son frere luy portoit, ne m’estoit point suspecte sans cause, mais encore plus, le bon accueil qu’elle luy faisoit, qui à la verité estoit tel, qu’ayant, comme elle dit, si bien recogneu ma jalousie par le passé, elle avoit plus de tort d’en user ainsi, que moy de penser quoy que ce fust à son desadvantage ; et de fait, qu’elle die si cela ne fut pas cause que tout ouvertement on parloit de leur mariage. Si oyant ces nouvelles, je n’eusse