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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/69

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parce que ce mire me voyoit pensif au lieu de me resjouir de ces riouvelles, il m’en demanda l’occasion, et luy ayant respondu que je craignais plus qu’auparavant de le perdre, parce que sa guerison ne despendant plus des remedes que je luy pourrois faire donner, mais d’une personne incogneue, ou peut-estre ennemie, et sans raison, je ne voyois qu’il. y eust sujet de rejouyssance pour moy. A toute chose, me dit-il, la prudence peut remedier, excepté à la mort ! C’est pourquoy ne doutez point que, tant que Calidon sera en vie, je ne trouve quelque remede. Quant à ce que vous dites que la personne qui le peut guerir vous est incogneue, e la descouvriray bien, pourvu que vous me donniez du loisir d’estre aupres de luy quelques jours. – Il ne faut pas, luy dis-je, que vous esperiez de le tirer de sa bouche. – Ce n’est pas, dit-il, ce que je pretens. Au contraire, il se faut bien donner garde de luy en faire semblant, car cela nous osteroit le moyen de la cognoistre. Et lors que nous sçaurons qui elle est, ne doutez point que nous n’e venions bien à bout ; car il n’y a courage si farouche qui ne s’apprivoise aux caresses d’amour, pourveu que la prudence y apporte l’artifice necessaire

Mais, grande nymphe, je raconte peut-estre trop par le menu cet accident, si bien que pour abreger, je vous diray qu’il demeura sept ou huict jours