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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/703

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ce berger, ils furent bien aises pour passer le temps de le faire parler, et Paris à ce dessein prenant la parolle : Il me semble, dit-il, ma sœur, que vous avez fait un grand tort au pauvre Adraste, et que vous pouviez bien ordonner quelque chose de plus doux pour luy. N’est-il pas vray ? Hylas. – Quant à moy, respondit le berger, je crois que le Ciel a voulu punir par cette injuste ordonnance, la sottise d’Adraste, autrement il n’y avoit apparence qu’il fust condamné de cette sorte. Mais j’advoue que l’imprudente et sotte passion à laquelle il s’est laissé conduire si long temps ne meritoit pas une moindre punition. – Voyez, Hylas, resondit la nymphe, combien nous sommes differents d’opinion : tant s’en faut que l’amour qu’il a portée avec tant de constance à Doris et continuée avec tant d’opiniatreté, me semble punissable, qu’il n’y a rien que je loue davantage en luy, et cela a esté cause que je luy ay permis de le pouvoir continuer s’il luy plait. – Voilà, dit Hylas, une permission bien favorable et avantageuse ; il vaudroit autant que vous luy eussiez permis de prendre toute sa vie une peine tres-inutile. Je tiens quant à moy, que c’est en cela que vous luy avez esté trop rigoureuse, et s’il en eust appellé à moy, et que j’en eusse eu la puissance, je sçay bien que j’eusse revoqué vostre jugement. – Et quel eust esté le vostre ? dit la nymphe en sousriant. – Je les eusse, dit Hylas, rendus