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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/717

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ce qui est entendu, ne sont qu’une mesme chose ? Et me dis, berger, puis que j’ayme Diane, et que je ne la puis aymer sans la cognoistre, quelle plus grande proportion peux-tu desirer, que celle qui est entre deux choses qui n’en sont qu’une. – Te voicy revenu, dict Hylas, d’où tu partis hier au soir. Et quoy, Silvandre, tu es encore Diane comme tu estois hyer ? Vrayement, Diane, dit-il, se tournant vers elle, vous estes un beau garçon, et vous Silvandre, continua-t’il, s’addressant au berger, vous estes une belle pucelle. Croy-moy, berger, que pour peu que tu continues, ta compagnie sera point des-agreable, et que tu te rendras un fol aussi plaisant que jamais la Font-fort en ayt produit en Forests. Chacun se mit à rire et Silvandre mesme ne s’en pust empescher, oyant la façon dont il parloit, et comment il expliquoit ce qu’il avoit dict. Cela fut cause que, reprenant la parole, il continua ainsi. Tu as raison, berger, de te moquer de moy, puis que je ne devrois prophaner ces mysteres en te les communiquant ; aussi ne le ferois-je si tu estois seul, mais j’y suis contraint pour ne laisser en erreur ceux qui nous escoutent. Et puis que tu ne veux recevoir ce que je t’ay dict, tu ne refuseras peut-estre ce que tu viens de m’opposer en parlant de Phillis. Je veux dire que tu allegues pour une bonne raison, l’opinion que tu as de ton merite et de celuy de Phillis, que tu n’estimes