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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/718

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point tant, que le tien ne le puisse esgaller ; car si ta creance peut cela en toy, pourquoy ne veux-tu que celle que j’ay de moy en puisse autant à mon advantage ? Or je croy que la mesme proportion qui est entre le feu et le bois qu’il brusle, est entre Diane et moy ; que si tu me nies ce que j’en dy, hé ! mon amy, pourquoy veux-tu avoir plus de privilege ?

Mais je dirais bien avec asseurance que Hylas n’aime point Phillis. Car qu’il y ait quelque chose plus parfaicte qu’elle, je m’en remets à la verité, et n’en veux pas estre le juge ; mais que tu ayes ceste mauvaise opinion d’elle, et que tu l’aimes, je diray et soustiendray bien qu’il est entierement impossible, puis que l’une des premieres ordonnances d’amour c’est QUE L’AMANT CROYE TOUTES CHOSES TRES PARFAITES EN LA PERSONE AYMÉE. Et à la verité, ceste loy est tres-juste et fondée sur toute sorte de raison, car si l’amant doit plus aymer sa maitresse que toutes les choses de l’univers, ne faut-il pas, puis que la volonté le porte tousjours à ce que l’entendement luy dit estre le meilleur, qu’il l’estime plus que toute autre chose ? Mais ce n’est pas en cela seul que tu fais paroistre que c’est Hylas que tu aimes, et non pas Phillis, comme on voit en ce que tu dis que l’on n’ayme que pour avoir son propre contentement ; les travaux que les amants reçoivent volontiers seulement