Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/73

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ce ainsi, Thamire, que tu maintiens la pramesse que tu me fis, lors qu’avec mon dernier souspir, te tenant la main entre les miennes, pour marquer nostre amitié, je te recommanday cet enfant dans le berceau, et que tu juras que tu l’aurois toute ta vie aussi cher que s’il estoit sorti ton corps, tant pour la recommandation que je t’en faisois, que pour la memoire des bons offices que tu avois receus de moy lors que ton pere jeune en mourant, te laissa encore jeune entre mes mains ? Souviens-toy que je n’ay jamais esté ton competiteur en amour, ny que je n’ay jamais . balancé, si pour quelque leger plaisir je te laisserois perdre la vie. N’achete point un repentir si cherement, repentir, Thamire, qui honteux t’accompagnera sans doute dans le tombeau avec mille sortes de remors, qui feront la vengeance d’un acte tant indigne de ces anciens Boiens dont tu te vantes d’estre issu.

Il faut que je l’avoue, ces considerations peurent tant sur moy que je me resolus de me priver de Celidée, pour la donner à Calidon, Mais, madame, combien me trouvay-je empesché, lors que je voulus l’executer ? Premierement, afin que ce jeune berger reprint sa premiere santé, ce fut par luy que je voulus commencer, et luy ayant declaré la cognoissance que j’avois de son mal, et la volonté que j’avois