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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/730

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La nymphe alors luy raconta le vain tombeau qui luy avoit esté dressé, les ceremonies, les pleurs et les discours de chacun, et particulièrement d’elle. – Et pour vous faire croire ce que je dis, adjousta la nymphe, venez voir le tombeau de Celadon ; il est si pres d’icy que je ne sçay comment vous n’avez ouy les voix des filles druides et du vacie. – Vous me racontez, dit le berger, des choses que je n’eusse pas crues facilement de la bouche d’un autre – Je ne veux pas, repliqua la nymphe, que Vous m’adjoustiez plus de foy qu’à la plus estrangere du monde, il me suffit que vous croyez à vos yeux. A ce mot le druyde et Leonide le faisant sortir de ce lieu, le conduirent dans le bois où le vain tombeau luy avoit esté dressé.

O Dieu ! quel devint-il ! et comme promptement il se mit à lire l’escriture que Silvandre y avoit mise ! Et l’ayant relue deux ou trois fois : J’advoue, dit-il, que vous m’avez dit la verité. Mais ayant receu un si grand contentement, sera-ce point faute d’amour, si j’ay la volonté de vivre, me voyant privé de sa veue ? Adamas alors prenant la parole : Il n’y a point de doute, luy dit-il, que si vous pouvez demeurer reclus et sans la voir, c’est faute de courage et d’amour. – Ah ! d’amour ? non, respondit incontinent le berger. Je l’advoueray bien du courage qui en ceste occasion me deffaut autant que j’ay trop d’abondance d’amour. – Je croiray, respondit Adamas,