Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/731

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que vous n’aymez point Astrée, si sçachant qu’elle vous ayme, et la pouvant voir, vous vous tenez eslongné de sa presence. – Amour, dit le berger, me deffend de luy desobeir. Et puis qu’elle m’a commandé de ne me faire point voir à elle, appellez-vous deffaut d’amour, si j’ob­serve son commandement ? – Quand elle vous l’a commandé, adjousta le druide, elle vous hayssoit. Mais à ceste heure, elle vous ayme et vous pleure non pas absent, mais comme mort. – Comment que ce soit, respondit Celadon, elle me l’a commandé, et comment que ce soit, je luy veux obeyr. – Et toutesfois, reprit Adamas, quelque entier observateur que vous soyez de ses commandemens, si est-ce que vous y estes desja contrevenu, puis que vous l’avez veue, et vous estes presenté devant ses yeux. – Elle ne m’a pas deffendu, dit-il, de la voir, mais seulement de me laisser voir à elle. Et comment m’auroit-elle veu, puis qu’elle dormoit ? – Si cela est, respondit le druide, et comme en effect je trouve que vous avez raison, je vous donneray un moyen de la voir tous les jours, sans qu’elle vous voye. – Je trouve cela bien difficile, respondit Celadon, car il faudroit ou qu’elle dormist, ou que je fusse caché en quelque lieu. – Nullement, repli­qua le druide, tant s’en faut, vous luy parlerez si vous voulez. – Cela ne se peut, ajousta le berger, si je ne suis en lieu bien obscur. – Vous serez, dit Adamas, en plein jour. Voyez seule­ment si vous en avez