Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/732

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le courage, ou l’Amour a la force de le vous faire entreprendr. – Ne croyez point, mon pere, respondit-il, qu’il y ait deffaut d’amour en moy ny de courage, pourveu que je ne contrevienne point à ses commandemens.– Or, dit le druide, oyez donc ce que je viens de penser. Il a pieu au grand Teutates de m’avoir donné une fille que j’ayme, ainsi que je pense vous avoir dit autrefois, plus que ma vie propre. Ceste fille, selon la rigueur de nos loix, est entre les filles druides nourrie dans les antres des Carnutes, il y a plus de huict ans, dont je n’ay nul espoir de la sortir de tant d’années, que je n’y ose penser, car il faut qu’elle y demeure un siecle, dont la tierce partie n’est point encor escoulée. Peut-estre vous resouvenez-vous bien que je vous ay dit que vous avez beaucoup de ressemblance et d’âge et de visage. Or je me resous de faire courre le bruit qu’il y a desja quelque temps qu’elle est malade et qu’à ceste occasion les druides anciennes ont esté d’advis que je la retirasse jusques à ce qu’elle soit en estat d’y pouvoir faire les exercices necessaires. Et quelques jours apres vous vous habillerez comme elle, et je vous recevray chez moy sous le nom de ma fille Alexis ; et il sera fort à propos de dire qu’elle est malade, car la vie que vous avez faite depuis plus de deux lunes vous a changé de sorte le visage, et tant osté de la vive