Dieu vueille que ce ne soit trop clairement.
Je me relevay pour voir quelle estoit cette preuve qu’elle me vouloit donner de son amitié ; mais elle tourna la teste de l’autre costé, et me remit avec la main au mesme lieu où j’estois auparavant, afin que je ne visse ses larmes dont il sembloit que. son honneur eust honte. – C’estoit peut-estre, dit Leonide, son courage glorieux, qui ne vouloit qu’autre qu’amour sceut que l’Amour l’eut surmontée. – Quoy que ce fust, dit Alexis, elle rie voulut que je visse ce que l’amour la contraignoit de faire pour moy. Pourquoy, luy dis-je, mon bel Astre, si mon esloignement vous fasche, ne me commandez-vous que je demeure ? Croyez-vous qu’il y ayt commandement de pere, ny contrainte de la necessité, qui ne fasse contrevenir à ce que vous m’ordonnerez ? – Mon fils, me dit-elle, alors, j’aimerois mieux vous demander la mort que vous destourner de vostre voyage : vous offenceriez trop contre vostre devoir, et moy contre mon honneur. Et ne pensez pas que je fasse doute du pouvoir absolu que j’ai sur vous ; je vous juge par moy-mesme qui sçay bien n’y avoir puissance de pere, authorité de mere, volonté de parens, conseil ny sollicitation d’amis qui me puisse jamais faire contrevenir à l’amitié que je vous porte. Et afin que vous partiez avec quelque contentement d’aupres de moy, emportez ceste asseurance avec vous. Je vous jure et