Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/743

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promets en presence de tous les dieux que j’appelle à tesmoins, et par cette ame qui vous aime tant, dit-elle, mettant la main sur son estomac, qu’il n’y a, mon fils, ny ordonnance du Ciel, ny contraincte de la terre, qui me fasse jamais aimer autre que Celadon, ny qui me puisse empescher que je ne l’aime tousjours. – O paroles ! dict alors en souspirant Alexis, ô paroles dictes trop favorablement à celuy qui depuis de voit estre tant defavorisé !

Quelques jours apres je partis, et passant par les Allobroges, je ne sçaurois vous dire combien je courus de fortune par les rochers et precipices affreux des Sebusiens, des Caturiges, des Bramovices et Carroceles, et jusques aux Segusiens, où je paracheyay les Alpes Coties ; car autant de pas que l’on faict, autant voit-on de fois l’horreur de la mort, et toutesfois cela n’estoit point capable de distraire ma pensée.

En passant sous ces effroyables rochers que l’on ne peut regar­der qu’en haussant la teste de propos delibéré, et tenant son chappeau, de peur qu’il ne tumbe, je fis ces vers.

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