Precipices, rochers, montagnes sourcilleuses,
Abysmes entre-ouverts, vous, pointes orgueilleuses,
Qui vous armez d’horreur et d’espouventement,
Encor que de pitié vous ne soyez atteintes,
De vos sommets chenus escoutez mes complaintes,
Et soyez pour ce coup tesmoins de mon serment.
Ainsi que j’apperçois dessus vos testes nues
Les arbres se nourrir, et voisiner les nues,
Je fay vœu qu’à jamais en moy je nourriray
Contre tous mes malheurs mon amour infinie.
Accroisse s’il se peut le Ciel sa tyrannie,
Si je n’esmeus l’amour, la mort je fleschiray.
Et parce qu’auparavant ayant passé les destroits des Sebusiens, je voulus éviter la fascheuse montagne des Caturiges, me mettant sur le Rosne, je me resolus de suivre ce grand lac qui flotte contre les rochers escarpez de cette montagne, mais je ne fus pas soulagé par l’eau davantage que par la terre ; au contraire, la tourmenté s’eslevant, nous faillimes plusieurs fois de nous perdre tous. Et lors que chacun pour la prochaine mort qui nous menaçoit, trembloit dans le bateau, sans estre esmeu de cette crainte, je ne pensois qu’en ma bergère, et voicy des vers que j’en fis à l’heure mesme.
Sonnet
Ondes qui souslevez vos